Dans une note parue en Avril 2018*, L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) lançait, à travers la voix de sa directrice régionale Afrique, une énième alerte sur la situation nutritionnelle sur le continent. Selon, le Dr Matshidiso Moeti, en effet, « Non seulement les chiffres actuels signifient qu'il est improbable que nous atteignions les six objectifs nutritionnels mondiaux pour 2025, mais aussi l'objectif plus ambitieux de mettre fin à toutes les formes de malnutrition d'ici 2030, ce qui est essentiel pour assurer des vies saines et promouvoir le bien-être ». Une autre experte de l’OMS le Dr Felicitas Zawaira, rappelait : « Ces dernières années, nous avons concentré à juste titre beaucoup de nos énergies sur la lutte contre la faim, mais ce que nous devons reconnaître, c'est que l'éradication de la faim ne garantit pas une meilleure nutrition ». Et Toujours selon l’OMS, cette situation nutritionnelle qui affectent la vie saine et le bien-être se traduit, chaque année par « 11 millions d’Africains qui sombrent dans la pauvreté ».
Pour inverser ces tendances il faut réviser les réponses qui ont été, jusque-là, apportées au problème et promouvoir d’autres approches et alternatives. Les sciences humaines et sociales ont un rôle crucial à jouer dans les politiques et changements sociaux qui devront nécessairement accompagner la recherche et la construction de ces nouvelles voies. En effet, le propre des sciences humaines et sociales est de nous rappeler que les situations et pratiques actuelles ne sont pas naturelles, qu’elles ont une historicité que d’autres situations historiques peuvent contribuer à inverser.
Dans le cas du problème de l’alimentation de rue en Afrique et, singulièrement à Saint-Louis, les sciences humaines et sociales peuvent aider, à travers des actions co-menées au cœur des communautés, à (re) faire de la question des systèmes, des politiques et des pratiques alimentaires, un enjeu moral et citoyen qui fera de chaque personne non plus seulement un consommateur sans voix, ni droit, ni volonté, mais un « consom-acteur » capable et désireux d’agir sur le cours des choses. Elles ont une capacité à contribuer aux appropriations populaires des changements comportementaux qui sont indispensables pour relever les défis de l’alimentation néfaste en Afrique.
Une des premières tâches pour enclencher ces urgentes dynamiques consiste à éduquer, sensibiliser, conscientiser tout le monde certes, mais aussi, ces urgences consistent à faire écho aux voix, aux connaissances et aux exigences des communautés pour une culture alimentaire avec moins de dangers et plus de solidarité.
Les tutos que nous proposons donc ici sont une contribution dans cette voie.
*Voir sur le site de l’OMS : https://news.un.org/fr/story/2018/04/1011692