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Les ordures à Todé

Dernière mise à jour : 19 oct. 2021

Par Mandiaye Sambou

Le mercredi 03 août 2016, le Comité UGB VERTE était à une visite d’information au village de Todé à moins de 3 km de l’Université Gaston Berger. Cela faisait suite aux mouvements d’humeur qui leurs étaient parvenus à propos de l’immense dépotoir d’ordure sis à l’entrée du village. Il s’agit des déchets issus des campus de l’UGB et acheminés par les services de nettoiement du CROUS (Centre Régional des Œuvres Universitaires de Saint-Louis). Cette première descente du Comité UGB VERTE fait état de l’alarmante situation qui prévaut dans ce village. Le dépotoir est devenu une véritable bombe écologique et sociale car les éléments de transport naturels que sont le vent et l’eau charrient les substances nuisibles jusqu’à l’intérieur du village avec tout son lot de conséquences aussi bien sur la santé des habitants que sur l’environnement du village. Les sachets en plastique restent enlacés dans les branches des arbres et dans les buissons. Ne parlons pas du bétail qui squatte les tas d’immondices à la recherche de nourriture avec tout ce que cela comporte comme risque de contamination par l’ingestion de substances nuisibles tels que les sachets plastiques qui peuvent le tuer à petit feu. Mais le plus alarmant dans tout cela reste la réutilisation des résidus alimentaires par les enfants parmi lesquels des écoliers fréquentant une école à moins d’un kilomètre de là. Ces déchets de restauration sont lavés puis reconsommés par cette frange de la population insoucieuse du danger qui la guette. L’autre fait est que certains habitants viennent récupérer un certain type de déchets réutilisables à des fins de commercialisation et ce, sans aucune protection étant donné qu’il peut y avoir des gaz en émanation et surtout les fumées qui se dégagent de l’incinération d’une partie des déchets. En cette période d’hivernage, les eaux de pluies ont inondé les alentours et le dépotoir est presque devenu un ilot. La conséquence la plus immédiate c’est le risque de contamination des eaux d’irrigation surtout que le site est à proximité des zones d’exploitation agricoles et qu’il est prévu l’aménagement d’un autre canal d’irrigation non loin de là. Cette situation n’a pas laissé insensibles certains habitants comme A.B.K, soucieux de leur bien-être et de leur dignité et qui ont tenté d’approcher les autorités de l’Université en l’occurrence celles du CROUS. Il s’agissait dans un premier temps d’étudiants ressortissants du village qui avaient adressé une série de correspondances au CROUS afin de palier à cela. Ils avaient pris l’affaire à bras le corps et avaient été soutenus par certains travailleurs du CROUS qui étaient sensibles à cette cause. Certains habitants avaient fustigé la lenteur ou l’indifférence des autorités, ce qui les avaient amenés à vouloir médiatiser l’affaire et tenté un mouvement d’humeur. Pour tenter de sécuriser les lieux, il leur fut construit un grillage rudimentaire soutenu par des piquets. Mais peu de temps après, les piquets s’écroulèrent un à un et le grillage céda, accueillant ainsi son lot de visiteurs quotidien que sont les récupérateurs, les enfants, les troupeaux de vaches et de chèvres et les chiens errants. Aujourd’hui l’aspect positif qu’a eu à signaler notre interlocuteur A.B.K réside dans l’emploi de 3 ou 4 personnes chargées d’incinérer quelques tas d’immondices. Ceci ne fait qu’amplifier le problème avec tous les gaz en émanation que cela peut engendrer lorsqu’on sait que la combustion de certaines substances chimiques peut occasionner des fumées toxiques. Les premiers exposés restent les préposés à cette tâche d’incinération qui n’ont que des outils rudimentaires pour se protéger (masque à poussière). Dans notre démarche de sensibilisation, nous avons pu avoir accès à un document intitulé « Protocole d’accord entre le CROUS et le Chef de village de Todé », daté du 18 juin 2015. A première vue, c’est un accord qui a semblé vouloir limiter les dégâts puisque qu’il mettait l’accent sur une sécurisation du site avec érection d’un mur de clôture d’une hauteur d’un mètre surmonté d’un grillage et le recrutement d’un gardien du site. Cette décision faisait suite à une rencontre qui avait lieu le 09 juin dans les locaux du CROUS entre une délégation dirigée par le Chef de village et les autorités du CROUS. Depuis lors, rien n’a encore été fait et même cette dernière option ne devrait être que provisoire2 puisque la décision la plus salutaire serait celle de la délocalisation du site vers le centre d’enfouissement technique de Gandon. Le premier argument qui nous a été rapporté fut que le CROUS avait affirmé ne pas disposer d’assez de véhicules pour évacuer ses ordures vers ledit centre. 2 Le protocole d’accord fait mention d’une durée de sept ans d’occupation du site

Aujourd’hui le dépotoir s’agrandit puisqu’il accueille les déchets d’une population estudiantine estimée à 14 000 âmes. La pollution s’amplifie et le danger qui guette le village et ses alentours semble progresser au point de menacer l’équilibre déjà fragile de cet environnement agrosylvopastoral. Aucune avancée sérieuse n’a été observée face cette situation léthargique. Les quelques 400 âmes qui peuplent ce paisible village ne sont pas une population entièrement à part, mais sont plutôt des concitoyens qui doivent mériter de plus de considération et une préservation de leur dignité.

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